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MAC/SAN (Museo de Arte Contemporaneo de San Agustín)
Prototype d’institution dédiée à l’art contemporain s’inscrivant dans le domaine public

Décembre 2011

Le MAC/SAN a été conçu par les artistes Candelario (Cuba), Erik Göngrich (Allemagne), Stefan Shankland (France-Suisse), la commissaire Aurélie Sampeur (France-Cuba-Allemagne) et est développé avec la collaboration de Catherine Sicot, commissaire franco-canadienne.

San Agustín, territoire en périphérie de La Havane, accueille le MAC/SAN et en détermine les fondements contextuels. Le MAC/SAN est une exploration des pratiques de l’art contemporain qui s’inscrivent dans le domaine public et une analyse de leur pertinence du point de vue local et international. Il résulte d’un processus créatif collectif, développé au cours d’une série de résidences à LASA- Laboratoire artistique de San Agustín.

MAC/SAN est un hybride: à la fois œuvre d’art et contexte. Il prend plusieurs formes, comme celle de contextes dans lesquels d’autres œuvres d’art et programmes sont développés ou présentés. Ainsi, pour son lancement durant la Biennale de la Havane en 2012, des artistes, commissaires, architectes, journalistes et universitaires venant d’Europe et du continent Américain contribuent à la diversification de sa mise en forme et à son activation.
Les invités sont (entre autres):

MAC/SAN: PROTOTYPE D´UNE INSTITUTION
Au cours des dernières décennies, les musées ont étendu leur programmation au domaine public. Ils ont commencé un processus sophistiqué de redéfinition de leur rôle vis à vis des publics et des communautés, et ont développé des stratégies pour multiplier et diversifier leurs publics. Ils ont contribué à l’évolution de l’art contemporain, y compris à celle des pratiques dans l’espace public ou qui s’articulent dans le domaine public. Ils ont offert aux artistes de nouveaux contextes pour expérimenter des projets in situ, et participatifs.

Ces approches ont certes contribué à modifier l’image élitiste et conservatrice du musée mais ont aussi montré leurs limites. Malgré quelques expériences positives, il demeure difficile pour ces institutions de penser au delà de leur murs. Leurs mandats et obligations – sélectionner et créer des contextes pour présenter des oeuvres dans des lieux dédiés à l’art, assurer des financements et assumer une gestion complexe – ont tendance à les couper du reste du monde et à les transformer en tours d’ivoire. Bien qu´en contact avec les réseaux et scènes artistiques, ils ne sont finalement pas les mieux placés pour soutenir la production d’oeuvres qui ont besoin de temporalités aléatoires mais aussi de se développer en relation avec des territoires.

Qu’est-ce qui distingue le MAC/SAN d’autres musées?

MAC/SAN est un musée sans murs, doté d’une nature hybride et d’un mandat flexible. Il a été élaboré à partir du travail développé par Candelario et Aurélie Sampeur à San Agustin, dans le cadre de LASA (Laboratoire d’art de San Agustín). MAC/SAN est avant tout pensé pour San Agustín tout en étant tourné vers l’extérieur. Il est composé d´une équipe créative internationale, et l’utilisation fréquente de nouveaux media contribue à créer de multiples connexions entre le local et le reste de monde.

Aucun musée d´art contemporain n´existe actuellement à Cuba. Nous proposons MAC/SAN comme un prototype adaptable, conçu pour les pratiques artistiques s’inscrivant dans le domaine public à Cuba, sans y être limité. Bien qu´auto-proclamé musée, on y recherche l´émancipation de la tradition occidentale. En démantelant un tel modèle, en s’inspirant et s’impliquant dans le contexte économique, politique et culturel de San Agustin, MAC/SAN se veut modèle unique et hétérogène générant d’autres oeuvres hybrides dans lesquelles sont distillées des influences locales et internationales.

L’équipe artistique du MAC/SAN rassemble des individus qui s´investissent de façon intensive dans le domaine public, les musées et centres d’art à Cuba, en Europe et en Amérique du Nord (voir les biographies en annexe). Ils sont tous, pour des raisons différentes et complémentaires, intéressés par le défi que provoque la question: à quoi pourrait ressembler un musée d’art contemporain pour San Agustin au XXIème siècle?

VISION
L’équipe pluridisciplinaire du MAC/SAN a défini un certain nombre de directions et terrains d’investigation comme cadre pour sa mise en forme et sa programmation. Cette vision se définit dans des tentatives de réponse à ces questions:

Que peut apporter l’art à un territoire?
Les artistes peuvent-ils contribuer à identifier et mettre en valeur un patrimoine, à penser l’urbanisme?
Quelles nouvelles perspectives l’art contemporain peut-il apporter à des questions liées à l’environnement, à l’agriculture locale, au développement durable?
Comment l’art et un nouveau musée peuvent-ils contribuer à développer un sens communautaire, à améliorer la vie d’individus? Peuvent-ils être catalyseurs de transformations sociales?
Un projet artistique peut-il devenir un outil pédagogique – et vice versa, un espace de recherche, une nouvelle plateforme participative pour imaginer et construire le futur?
A quoi pourrait ressembler un musée ou une exposition qui offrirait un contexte adéquat à des formes d’art intimement liées à l´espace public?

Thèmes centraux explorés par MAC/SAN
TERRITOIRE
San Agustin, 37 000 habitants, s’étend sur 4km2 en périphérie de la Havane. Territoire de plantations fruitières jusqu’au début des années 50, San Agustin prend alors son nom et devient zone résidentielle pour la classe moyenne blanche. Après la révolution, s’y opèrent des changements radicaux: le quartier absorbe le quartier voisin –Ermita- doublant ainsi sa surface et multipliant exponentiellement sa population.
Le quartier est désormais un mélange de quelques fermes coloniales, de maisons familiales de style Art nouveau, témoins de la prospérité des années 50, et d’une majorité d’immeubles préfabriqués. L’amalgame se reflète aussi dans la composition ethnique et sociale de la population.
Depuis 2007, San Agustin a connu une nouvelle vague d’expansion, qui doit se prolonger dans les années à venir avec la construction de centaines d’appartements et le développement de nombreux services. La principale zone en développement doit devenir le nouveau centre-ville de San Agustin. Ce développement menace l’organoponico situé aux abords. (Un organoponico est une zone de production agricole locale dédié à la consommation locale et géré par le gouvernement)

PATRIMOINE
Malgré cette diversité, on se réfère principalement à San Agustin comme le premier exemple, à La Havane, de développement massif de logements réalisés par les “Micro-brigades”. Les Micro-brigades sont des groupes de bénévoles aux formations professionnelles éclectiques, formés dans les années 70 d´après une idée de Fidel Castro, pour faire face à l´importante demande de logement. “Logements préfabriqués construits en périphérie par les micro-brigades” est donc ce qu´il persiste de San Agustin dans l’imaginaire collectif cubain, mais aussi dans celui des urbanistes et architectes.
Il n’existe en outre aucune histoire écrite de San Agustin. L´histoire locale vit seulement à travers la mémoire des habitants, qui viennent de toutes les provinces cubaines. Chaque cellule familiale est donc une page potentielle du livre de San Agustin, une histoire également signifiante par rapport à celle du pays.
Prolongeant une initiative de LASA, le MAC/SAN se propose d’explorer les notions de patrimoine et d’archive, d’agir comme catalyseur pour la création “d’une autre histoire” de San Agustin et de sa diffusion par, entre autres, des affiches, des œuvres multimédia et vidéo. En dialogue avec les habitants, MAC/SAN entame un long processus d’investigation qui va conduire à la restitution d’une histoire, et à la création d’un contexte pour un nouveau patrimoine.

URBANISME ET ENVIRONNEMENT
Les musées sont devenus le symbole de certaines villes, se positionnant comme protagonistes économiques et politiques à part entière, créant ainsi de nouvelles centralités. A travers MAC/SAN, les artistes se saisissent de la question de centralité posée au niveau du quartier et des relations inter-quartiers, à partir de la culture, de l’urbanisme, de l’architecture et de l’économie.
Intéressés par le débat international sur l’urbanisme et le développement durable, les invités du MAC/SAN mènent une recherche à San Agustin pour tenter de dynamiser des domaines existant comme les zones “vertes” incluant les espaces aménagés pour la production agricole locale (organoponico géré par le gouvernement et plantations familiales) et imaginer leur possible développement. Comme n’importe quelle autre ville ou quartier, San Agustin est constamment confronté à une équation incluant l´intensification de la production de nourriture localement, la baisse de la consommation d’énergies et l’accroissement de la population. Une équation visant à parvenir au résultat idéal de Ville Durable.
Les artistes questionnent également l’impact des quelques changements politiques qui s’opèrent actuellement à Cuba, sur la perception des notions d’espace public, collectif et privé, et leur utilisation. Par exemple, ils travailleront à accroître la visibilité des micro-entreprises situées dans des appartements et des garages, et joueront ainsi avec les nouvelles définitions qui peuvent se profiler autour de notions comme le patrimoine privé.
A travers ces actions, on tente non seulement de rechercher mais aussi de contribuer à activer un potentiel déjà existant à San Agustin.

PROTEI-FORMALISME
MAC/SAN Sculpture
La sculpture est une des formes explorée à travers le MAC/SAN. L’approche globale s’inspire des pratiques formalistes et conceptuelles du XXème siècle qui intègrent l’architecture.

Candelario, Stefan Shankland et Erik Göngrich se sont approprié le squelette en béton d’un bâtiment abandonné en cours de construction (voir photo en annexe) - 60 x 25 x 8 mètres- situé au coeur de San Agustín. Ce bâtiment est devenu di facto le MAC/SAN Building.

Symbolisant le traditionnel cube associé aux musées d’art moderne et contemporain, la structure va devenir le champ de création et d’installation d’une série d’oeuvres en 3 dimensions, qui seront à la fois oeuvres exposées et points de vues sur le paysage de San Agustin. Seront inclus:
•    un signe “MAC/SAN” de 12 x 2,5 mètres
•    un modèle pour une conception utopique du logement et le la planification urbaine
•    des prototypes de sécheurs de fruits
•    un lieu ombragé conçu et fabriqué pour des rencontres et la production
Une série d’événements et d’ateliers seront autant de mises en contexte de cette/ces oeuvre(s), que des occasions d’utiliser le building comme plateforme de participation et laboratoire de création in progress.

MAC/SAN TV
MAC/SAN TV (Candelario, Aurélie Sampeur, Catherine Sicot) invite des artistes, des architectes, journalistes, habitants et visiteurs à proposer des émissions qui seront diffusées durant la biennale.
Utilisant la clé USB comme moyen de diffusion à Cuba et l’internet pour le reste du monde, MAC/SAN TV met en forme un phénomène cubain très spécifique. En effet, la révolution digitale cubaine n’a pas eu lieu à travers internet – l’accès étant largement limité, et le réseau n’étant pas doté d´ADSL – mais par la clé USB. Grâce à ce petit objet, circulent les informations officielles mais aussi souterraines (logiciels et films piratés …).
La nouvelle chaîne de télévision documentera non seulement les recherches du MAC/SAN, mais existera aussi comme médium artistique à part entière, explorant divers formats et thématiques telles que l’art, l’environnement, le territoire et le patrimoine.

MAC/SAN  VERSION IMPRIMEE ET DIGITALE
Dans le cadre du MAC/SAN, la communication est donc tant un outil qu´une forme artistique. En complément du MAC/SAN TV, des artistes invités vont développer individuellement et collectivement des projets utilisant différentes formes et techniques d’impression (l’affiche, la carte) qui contribueront à guider les visiteurs du MAC/SAN.
Un journal/magazine sera également imprimé durant la biennale. Enfin, un blog assurera une présence en ligne, avec une mise à jour régulière sur les discussions et actions mises en oeuvre.

MAC/SAN PLATEFORME DE PARTICIPATION
MAC/SAN invite des groupes locaux, habitants de San Agustin et visiteurs de la Biennale à utiliser les différents espaces de cette plateforme pour “faire”, montrer, dialoguer, et apprendre. Parmi les groupes concernés jusqu’à présent on compte: des étudiants en art, architecture, urbanisme et journalisme de Cuba (CUJAE, ISA, Habana University, Cuba) et des USA (Harvard University); des employés du Bureau de l´Historien de La Vieille Havane (dédié au patrimoine); des producteurs agricoles de la banlieue havanaise - Organiponicos et plantations familiales, des élèves des écoles primaires et secondaires, des figures politiques locales et autres membres actifs de la communauté. MAC/SAN travaille avec ces partenaires en ce moment même, collaborations qui seront rendues publiques durant la Biennale. 

Collaborations et oeuvres en cours de développement:
•    Les artistes Erik Göngrich (Allemagne) et Carissa Carman (Canada-USA) ont en commun une expérience des techniques d’impression et du dessin, et un actif de projets impliquant un dialogue sur le développement durable. MAC/SAN leur offre l’opportunité de développer une collaboration qui pourrait se traduire par une exposition dans l’espace public.

•    Göngrich inaugurera une nouvelle marque pour les produits de San Agustin– BIO-CUB – en collaboration avec des producteurs locaux. Des prototypes de sécheurs de fruits seront également conçus et fabriqués avec les habitants intéressés. Une projet complémentaire consistera à offrir aux visiteurs de la Biennale l’opportunité de se promener dans le quartier, de visiter les lieux et rencontrer, chez eux, les gens qui participent au projet. Les visiteurs pourront ainsi goûter à l’incroyable diversité de fruits de San Agustin, dans leur version fraîche – mai étant la pleine saisons pour la récolte des fruits – ou transformée.

•    L’équipe pluridisciplinaire des universités colombiennes (Université sud-colombienne, Université technologique du Chocó, Université del Valle) travaillera sur des questions d’ethno-botanique et comparera les spécificités colombiennes et cubaines à partir d’une étude sur San Agustin. Leur recherche sera documentée (audiovisuel) et leur expérience partagée durant la Biennale par le biais de tables-rondes et de discussions spontanées. Les chercheurs organiseront également des visites guidées dans le quartier.

•    Florian Zeyfang, Lisa Schmidt-Colinet et Alex Schmoeger (Allemagne-Autriche) ont créé MicroE111b, un modèle utopique d’approche du logement et de la planification urbaine. MicroE111b est une nouvelle proposition du logement bricolé qui prend en considération trois différentes échelles: l’espace de vie privée, l’immeuble et le quartier.
Cette proposition prendra la forme d’une maquette présentée dans le MAC/SAN Building et réalisée à partir de matériaux préfabriqués (Système Giron, utilisé à Cuba depuis les années 70) à échelle réelle et 1:10. MicroE111b s’inspire du travail des Micro-Brigades cubaines et du Mouvement Viennois, tous deux mouvements alternatifs du XXème siècle.

•    Lauren Elder, Oscar Melara et Kate Connell (USA) se pencheront sur la nature sanagustinienne. A partir d’un kiosque qu’ils auront réalisé - Orientation Kiosk - et qui se trouvera aux alentours du MAC/SAN Building, un chemin guidera les visiteurs à travers une série d’installations impliquant des éléments naturels du quartier. Les installations pourront aussi contenir des éléments visuels et sonores, ainsi que du texte. L’intégralité du tracé sera également perceptible à partir du lieu ombragé sur le toit du MAC/SAN Building. Au sol, les artistes installeront des pancartes dirigeant les visiteurs vers les sites à visiter. Un guide imprimé avec un plan sera mis à leur disposition, et les artistes guideront eux-même les visiteurs le long du chemin, leur offrant un contexte supplémentaire.

BIOGRAPHIES
L’équipe créative du MAC/SAN est composée d’artiste et de commissaires qui travaillent dans l’espace public, individuellement et /ou collectivement, dans des cadres institutionnels ou non. Depuis quelques années, leur engagement a eu pour résultat la création d’oeuvres d’art, d’expositions, de résidences et de programmes, à travers lesquels ils explorent l’interaction entre l’art et le domaine public ainsi que les impacts qui en résultent.

Le travail de Stefan Shankland repose sur une approche du phénomène urbain par la sculpture. Ses projets à grande échelle mettent en oeuvre des interventions qui ont pour impact une modification de l’aspect et de la structure d’un contexte donné (sur le plan social, économique et politique).

Erik Göngrich interroge les possibilités d’existence de la sculpture dans l’espace publique, ainsi que les liens historiques et symboliques qui peuvent s’y établir. Ses sculptures crées in situ explorent les caractéristiques et l’identité des lieux.

Candelario s’intéresse aux liens existants entre les lieux et les gens. Il développe une pratique artistique anthropologique à travers laquelle il découvre et met en scène les réactions physiques et émotionnelles provoquées par l’architecture et l’environnement urbain.

Aurélie Sampeur est une commissaire indépendante européenne qui vit à Cuba. Son intérêt pour les pratiques participatives et l’art contextuel a généré de nombreux projets dans l’espace publique en Europe et en Amérique, ainsi que le développement de plusieurs stratégies politiques et économiques dans le cadre de plusieurs scènes artistiques et culturelles, impliquant souvent des jumelages.

Catherine Sicot a une expérience des musées en France et au Canada, ainsi que de la scène torontoise des centres autogérés où elle a été membre de différents conseils d’administration. Elle s’est tout d’abord spécialisée dans la création et la mise en place de programmes éducatifs, avant d’évoluer vers des actions “hors les murs” impliquant  des artistes et différents partenaires sociaux. Sa pratique de commissaire indépendante et de productrice commence en 2005. Depuis, elle poursuit son exploration du rôle de la production artistique dans l’engagement social.

1 commentaire:

  1. C'est important et opportun de penser l'art comme un lieu d'échange pour tous, de rencontres loin de la frilosité comme de la frivolité. Serge Sandor

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